DELHI
INDE
NOYÉS DANS LA MASSE
27 mai 2022
Quoi de mieux qu’un trajet en train pour commencer le récit indien ?
31 mai, 6h45 du matin, New Delhi Railway Station. Nous montons à bord du train 12017 en direction d’une des 7 villes les plus sacrées de l’Inde, Haridwar. Toutes les voitures sont identiques, toutes climatisées. Je n’avais encore jamais vu de tel train en Inde. Une catégorie de classe unique donc, plutôt luxueuse si nous comparons notre confort à celui des passagers des trains surchargés que nous croisons. C’était le seul train encore disponible, et on a eu du mal à trouver un billet. En effet, ce matin, il est plein. Nous sommes malgré tout, les seuls occidentaux du train.
En quittant Delhi, nous traversons sur environ 30km une banlieue au sein de laquelle se succèdent immeubles délabrés, campements de tentes, et logements fabriqués avec les moyens du bord. Cet environnement est jonché de déchets dans lesquels femmes et enfants ramassent ce qui leur permettra probablement de récupérer quelques roupies.
Un contraste saisissant, pour nous, qui voyageons à bord de cet agréable train climatisé à nous voir offrir bouteilles d’eau, thé, biscuits et petit-déjeuner. Un contraste qui m’inspire et me donne envie de me plonger dans l’écriture d’une nouvelle aventure, celle d’un pays fascinant, l’Inde.
RÉCIT DE VOYAGE
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Après le Chili, nous savions que notre prochaine destination serait l’Inde. Même si la forte canicule nous a fait douter, nous gardons le cap! S’il fait vraiment trop chaud à Delhi, nous prendrons directement un vol interne pour Leh, capitale du Ladakh située non loin du Tibet à 3.500 mètres d’altitude.
Après avoir passé un mois chez nous auprès de nos proches, nous décollons donc pour Delhi. Il s’agit de mon 3ème voyage en Inde mais je ne suis jamais allé dans la capitale indienne. Pour Pauline c’est le baptême du feu...
Nous atterrissons à Delhi vers 8h le matin, il fait déjà plus de 30 degrés. Il fait chaud mais c’est supportable pour l’instant. Nous rejoignons notre hôtel situé dans le quartier “routard”. Malgré ce caractère plus ouvert au tourisme, l’animation locale reste omniprésente. La plupart des commerces et stands de rue sont plus destinés aux indiens qu’aux voyageurs. D’ailleurs nous croisons peu d’occidentaux (pas plus de 20 en 4 jours). Rien à voir par exemple avec le quartier “routard” de Bangkok, Khao San Road, qui s’est petit à petit essentiellement articulé autour du tourisme.
Au cœur de Delhi, le dépaysement est total. Main bazar Road. Comme son nom l’indique, c’est un beau bazar! Dans une anarchie totale, se croisent, piétons, tuk-tuk, voitures, rickshaws (taxi vélo), vaches, chiens, charrettes, stands sur roulettes, vendeurs ambulants, transporteurs de marchandises en tous genres, vélos, et parfois même des singes.
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Il n’y a pas de trottoirs, tout le monde évolue sur le même espace. Chacun fait sa vie sans se préoccuper de celle des autres. Mais si quelqu’un a besoin d’une information, on la lui donnera, sans y mettre les formes, on n’a pas le temps pour ça, mais on constate malgré tout une forme d’entraide.
Il y a beaucoup de monde dans ces rues. Et le flux est continu. L’impression qu’il ne s’arrête jamais. Au niveau de la conduite, et bien il n’y a pas de code de la route, il faut avancer! Par la gauche, par la droite, peu importe, il faut que ça avance. Chacun doit se frayer son chemin. Et pour ça, quoi de mieux que le klaxon?!
On klaxonne pour prévenir de tout... j’arrive, je double, je suis à gauche, je passe à droite, pousse toi, pousse moi... on ne s’offense pas d’être klaxonné, le klaxon est un outil de conduite, on l’utilise à outrance, en permanence. Le bruit des klaxons rythme le quotidien des grandes villes indiennes.
Autour de la grande place de l’artère principale, quelques restaurants, tenus par des népalais, se sont installés sur plusieurs étages. Leurs terrasses donnent une vue imprenable sur Main Bazar road. Vue du dessus, la chorégraphie est désordonnée, bruyante mais finalement assez fluide.
En plus ces deux restaurants servent (discrètement) de la bière... Nous serons aux premières loges de cet incroyable spectacle tous les soirs!
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“Oulala ça ne va pas passer là!” Et pourtant si, à chaque fois, ça passe! “Wouhhh il a eu chaud lui!” Et pourtant, aucun accident recensé au cours de nos longues heures d’observation. Concernant la bande originale du spectacle, on s’habituerait presque à la mélodie grotesque et continue des Klaxons.
Les cuisines de ces restaurants viennent satisfaire un des derniers sens pas encore sollicité par cette expérience inédite, le goût!
Quel bonheur de renouer avec la vraie cuisine indienne! Chicken butter masala, raita (sorte de Tzatziki indien), cuisson au four tandoor, naan, chapati, sauces yaourt, momos (sorte de raviolis vapeur tibétains et népalais), un délice!
Nous avons souvent lu qu’à Delhi, il n’était pas rare d’être sollicité par des personnes qui trouveraient de nouveaux problèmes à nos solutions. En effet! On est très régulièrement approchés de façon très (trop) amicale. Ces personnes ont forcément une solution pour vous. Une solution à quoi? Ça on ne sait pas puisqu’on a rien demandé... mais on va trouver! et les techniques d’approche sont bonnes, ils sont roublards! Je peux comprendre que certains se fassent avoir.
Ayant une petite expérience de l’Inde et du voyage en général, nous ne nous sommes pas laissés berner et avons toujours réussi à décliner poliment ce type de sollicitations (parfois insistantes) qui n’ont finalement pas été si dérangeantes.
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Ils avaient par exemple tous la meilleure solution concernant la réservation de notre billet de train. Des solutions toutes différentes les unes des autres bien sûr. Allant même jusqu’à tenter de nous orienter vers l’office du tourisme indien officiel. Ce dernier n’avait pas d’autre solution que de nous proposer un transport privé car tous les trains étaient complets pendant plus d’une semaine. Pourtant nous sommes bien dans le train avec un billet valide...
Niveau météo, entre 12h et 16h il fait très chaud (ressenti entre 42 et 46 degrés). Une nuit, notre hôtel subit une coupure d’électricité et nous réalisons, pendant la courte interruption, que sans clim et surtout sans ventilateur, ça serait difficilement vivable. Nous adaptons notre rythme et profitons des moments les plus “frais” pour nous balader.
Nous découvrons un joli lieu de culte Sikh (Gurdwara Bangla Sahib). De beaux bâtiments en marbre blanc ornés d’un dôme doré. Au milieu de la cour extérieure, se trouve un grand bassin dans lequel quelques fidèles offrent à Pauline la vision de ses premières ablutions.
Sans trop comprendre pourquoi, nous avons la chance d’avoir droit à une visite privée (et gratuite), des cuisines. Ce lieu de culte offre chaque jour environ 25.000 repas. Une trentaine de personnes travaillent dans ces cuisines bien équipées. Une vraie fournaise là-dedans! Surtout pour les commis aux chapatis (naan fin). Plus de 70.000 y sont produits chaque jour.
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Dans la grande salle à côté, assis par terre côte à côte en rangées, les fidèles (ou tout autre personne souhaitant bénéficier du repas) se succèdent pour déguster les plats.
Le lendemain, direction Old Delhi et sa célèbre mosquée, la plus grande de la capitale, Jama Masjid.
L’ambiance de Old Delhi est différente du quartier dans lequel nous logeons, il semblerait que l’inactivité soit plus importante. Beaucoup d’hommes qui ne font rien le long des routes. En revanche il y a autant de monde et autant de véhicules de tous types. Tout semble plus vieux et plus gris. Nous y trouvons moins de charme mais peut-être n’y avons-nous pas passé assez de temps.
Allez entrons dans cette immense mosquée. Contrairement au lieu de culte Sikh visité la veille, aujourd’hui je suis autorisé à prendre des photos et sors donc mon appareil.
Il y a beaucoup de monde dans la cour de la mosquée, nous sommes les seuls occidentaux et ne passons pas inaperçus.
“Hello Sir, can we take a selfie?”
Bien sûr ! Une première photo qui semble décomplexer d’autres indiens...
Des groupes de femmes sollicitent Pauline qui, à son tour, pose en compagnie de femmes vêtues de jolies tenues traditionnelles. Une photo avec mon appareil, un selfie avec le téléphone d’un indien... ça dépend de la demande.
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Comme j’avais déjà pu le remarquer en Inde, nombreuses sont les personnes qui me demandent de les prendre en photo sans me demander de leur envoyer, elles veulent juste que je fasse une photo d’elles. Nous rencontrons également des jeunes qui veulent prendre un selfie avec nous pour poster immédiatement sur leurs réseaux sociaux.
Nous sommes assez rapidement entourés de dizaines d’hommes et femmes qui attendent leur tour pour être pris en photo avec nous, séparément ou ensemble. Le tout dans une ambiance très respectueuse et bon enfant. Nous nous prêtons volontiers au jeu même si nous ne comprenons pas vraiment la raison de cet engouement... pour nous!
On remercie tout le monde et on se déplace un peu pour admirer la mosquée. Un monsieur me suit, m’arrête et me demande “Sir, please, one picture”. Oui pas de problèmes. Il ne faut pas plus de 30 secondes pour voir arriver d’autres groupes d’indiens qui souhaitent également être pris en photo avec nous.
Pauline en photo avec Madame, avec Monsieur, avec leur fille, avec moi, avec toute la famille, avec la copine de la fille, avec la grand-mère malentendante, etc etc.
Nous sommes amusés de la situation mais commençons à nous demander comment nous allons pouvoir y mettre fin. Où que nous allions dans la cour de la mosquée, nous sommes sollicités. On se fait même presque engueuler par un agent de sécurité au moment où l’imam entame un chant religieux. RÉCIT DE VOYAGE
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Ce n’est pas grave, nous allons sortir de la Mosquée. Cette visite aura plus été placée sous le signe de la rencontre que de la contemplation architecturale, et c’est tant mieux. Un après-midi hors du commun, comme souvent en Inde.
Pour notre dernière journée à Delhi, nous expérimentons le métro pour nous rendre au “Petit Taj Mahal” (Safdarjung’s Tomb).
Nous sommes très surpris par la qualité du réseau de métro. Il ressemble énormément à la ligne 14 du métro parisien. La fréquence étant également quasiment la même. C’est également très propre. Les bagages de chaque passager sont contrôlés au rayon x avant que leurs propriétaires ne soient eux même passés au scanner anti-métaux. Nous nous attendions à être entassés les uns sur les autres. Ça n’a pas du tout été le cas. On a même pu s’assoir. Peut-être n’aurions-nous pas eu la même expérience à 8h du matin...
En 20 minutes à peine nous arrivons, après un rapide changement de ligne, devant le petit Taj Mahal.
À notre grande surprise, nous sommes quasiment seuls sur site. Le monument est magnifique, et l’avoir pour nous tout seuls, nous donne le sentiment de vivre un moment privilégié. C’est vrai qu’il ressemble au Taj Mahal (également un tombeau d’ailleurs). Il y a de nombreux monuments à visiter à Delhi, je crois que là, on a choisi le bon! RÉCIT DE VOYAGE
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En fin d’après-midi, un énorme orage s’abat sur la ville, refroidissant l’atmosphère de façon très agréable mais faisant quelques dégâts au passage. Les indiens en ont vu d’autre. On jette ce qui est cassé et la vie reprend son cours.
Même s’il a fait très chaud, nous avons pleinement vécu l’expérience de la capitale indienne. Quatre heures dans Delhi donnent l’impression qu’une journée entière s’est écoulée. Delhi est intense, fatigante, et nécessite vigilance quant à la circulation. A l’image de cet homme, qui a fait les frais de l’humeur d’une vache... il s’est pris un de ces coups de tête! Le pauvre il n’avait rien demandé... mais sa réaction, entre surprise et agacement, armée de ses petits poings sur le dos de la vache, aura le mérite de bien nous faire rire.
Le baptême du feu s’est bien passé pour Pauline qui a apprécié ses premiers pas en Inde, et qui, tout comme moi, est pressée d’arriver à Haridwar, haut lieu spirituel bordé par le Gange. RÉCIT DE VOYAGE